Coeurps pas encore guéri, pas encore à la hauteur
quand la blessure est le thérapeute
Cette lettre d’aujourd’hui est inspirée par la lecture de la dernière lettre d’
(gratitude) :Andrea a évoqué une séance de yoga où son corps à cause des séquelles de la maladie Lyme ne pouvait pas (encore) faire comme les autres, malgré les injonctions involontaires de la prof… à l’époque elle n’a pas osé dire tout fort à la prof que non, rester allongée n’était pas un signe de faiblesse de l’esprit !
Je rejoins sa vision des choses quant aux enseignements formidables, même si douloureux, du corps. Nous redevenons humains, et véritablement les élèves de la vie, quand nous souffrons dans notre chair. Et tandis que d’autres s’entêtent à vouloir un corps parfait au lieu de se laisser vivre, quand notre corps à nous souffre nous apprenons toujours un peu plus à accepter notre vécu, sans subir, mais sans rejeter le vaisseau dans lequel nous vivons. Souffrir paradoxalement nous élève, surtout quand on sait ce que ça fait d’être vidé par la fatigue et la douleur, au ras des pâquerettes. Cette élévation survient quand on sait être avec la douleur plutôt que vouloir l’éviter ou vouloir devenir des martyres. Et c’est ainsi qu’on pose les bases d’une santé holistique, non fragmentée.
La vie est une succession d’instants d’éternité par-faite et pourtant, nous passons notre temps à chercher comment atteindre l’état où nous serons prêts à vivre vraiment.
Prêts, guéris de nos blessures intérieures, pour enfin nouer une relation idéale ?
Prêts, avec une meilleure santé, pour enfin profiter de la joie de danser, chanter, selon nos propres codes?
Prêts, avancés spirituellement, diplômés académiquement, pour enfin enseigner aux autres ce qu’on croit savoir?
Mais c’est le coeurps qui sait comment “faire avec” la situation imparfaite
et c’est le coeurps qui sait comment “enseigner” aux autres le chemin parcouru.
Il y a quelques années, j’avais stoppé mes accompagnements individuels et arrêté les événements de Circle songs (j’animais régulièrement des ateliers de chant improvisé en cercle). Brièvement, j’ai traversé une série d’étapes qui m’ont fait prendre du recul pour ne plus me retrouver sous pression constamment et inconsciemment. Je cherchais comment faire autrement pour que ça soit plus simple pour moi, plus nourrissant, plus naturel.
Et puis alors que ça allait mieux en dedans, il y a eu les douleurs inexplicables dans le corps, intenses ou diffuses, aléatoires, plus ou moins chroniques. J’ai su que j’avais une hypermobilité apparentée au syndrome d’Ehlers-Danlos. Je m’inquiétais vraiment de pouvoir un jour reprendre mon activité comme avant…
Comment être disponible pour les autres, chanter avec eux, bouger mon corps, avoir l’énergie de guider, transmettre, alors que je n’avais aucune visibilité sur mon état d’un jour à l’autre, d’une heure à l’autre?
Quand est-ce que je serais à nouveau prêt.e?
Je ne pouvais rien projeter… je me suis mise à attendre le moment où je serais prête un jour, à nouveau.
Parce que prétendre donner aux autres des clés de bien-être alors que je galérais tant à aller bien dans mon corps sur le long terme, ça me semblait une imposture.
Parce qu’apprendre aux autres à utiliser leur diaphragme pour libérer leur voix, ça devenait compliqué tant que j’avais moi-même une respiration si douloureuse certains jours.
Parce que tous les autres professionnels dans mon domaine avaient des emplois du temps “normaux” et travaillaient presque tous de la même façon : plusieurs cours individuels tous les jours, des stages réguliers les week ends, des formations longues, des concerts, du réseautage, une présence forte en ligne, etc.
Rien de ce qui existait dans les exemples autour de moi ne correspondait à ce que je pouvais et voulais faire de ma sensibilité, celle de mon corps mais aussi celle de mon âme. (cette phrase est spécialement pour celles et ceux qui se retrouvent seuls dans leur voie singulière)
Est-ce que le bon moment arrive un jour, où l’on va mieux pour de bon?
Le revers de la maladie en somme, qu’elle soit maladie de l’âme fragmentée qui se cherche et n’ose pas, ou maladie du corps qui a encaissé et ne sait plus comment dire, c’est de retrouver l’endroit où l’on peut encore se dire, s’écrire, chanter librement, sans s’excuser d’être imparfait, sans attendre de ressemble à autre chose qu’à soi-même ici et maintenant.
Ce que j’ai appris, c’est que l’essentiel de ce que je pouvais enseigner aux autres n’était pas dans des compétences acquises, mais dans la présence à soi, et dans l’énergie que je pouvais véhiculer. Les connaissances, c’est juste le prétexte, la surface, le vernis. Nécessaire pour plonger dans l’essentiel. Prétexte pour dérouler la Voix.e, pour poser un cadre.
J’ai compris que l’enthousiasme est contagieux et peut redonner aux autres l’envie d’y aller aussi quand il vient d’un espace de paix.
J’ai compris que la douceur que j’installe invite les autres à être doux avec eux-mêmes.
J’ai compris que ces douleurs et mes différences, étaient devenues des sources de compétences particulières : je devenais mieux placée pour comprendre ce que ça fait d’avoir une maladie chronique et tout ce qui va avec, pour comprendre comment vivre bien dans ce monde normé avec une différence neurocognitive ou somatique.
J’ai repris par la suite mon activité avec davantage de plaisir car je ne cherche plus à être comme les autres collègues de mon domaine : je suis cette personne avec plein d’étiquettes et un fonctionnement particulier au regard des normes majoritaires, et je travaille avec ça et grâce à ça, et aussi avec et pour les personnes qui s’y retrouvent quelle que soit la raison.
J’ai aménagé mon temps de travail pour respecter mes besoins de ressourcement et ma sensibilité. Mes services sont presque tous en ligne et je travaille de manière asynchrone : une partie des séances de Bodyvoice flow et des webinaires Processus créatif de Vie est pré-enregistrée. Pour les personnes comme moi qui ont un rythme particulier, c’est juste parfait. Et je suis aussi en live régulièrement, sur Insight timer tous les samedis, et deux fois par mois pour les séances de Bodyvoice flow avec mes abonnés. J’ai préservé 2 journées par semaine où je peux librement créer sans que ce soit pour les autres, mais juste pour moi.
Structure et flexibilité est devenu mon credo. :)
Rien ne sera jamais parfait dans notre corps humain, mais nous pouvons parfaire une chose:
parfaire le soin que nous nous donnons à nous-même, en suivant nos propres règles intérieures, qui sont celles du coeurps.
Pour cela, il reste à continuer cette chose essentielle, qui demande du temps, de la lenteur, de la curiosité : apprendre comment nous aimons nous sentir, apprendre à nous donner ce qui nous fait nous sentir bien, depuis l’intérieur de nous. Notre Voix et notre corps savent faire cela très bien… Le chemin est ouvert en tout temps, si vous souhaitez l’emprunter, par les séances de Bodyvoice flow ou un RDV en individuel, contactez-moi ou passez par mon site.
Il te suffit de laisser le doux animal de ton corps aimer
ce qu’il a envie d’aimer.
Mary Oliver, Wild geese (extrait)
Prenez soin de votre Voix.e,
Marion Dorval
Hybrid artist & Bodyvoice flow practitioner Praticienne Bodyvoice flow
Réparer.Libérer.Incarner ∞ Touch.Vibrate.Resonate
Comment savoir quelles sont les règles de votre coeurps? Comment réapprendre à être intime avec soi, et suivre sa Voie quand elle semble si différente de celle des autres?
2 pistes:
Nos RDV de séances Bodyvoice flow, avec deux formules d’abonnement. Pour celles et ceux qui souhaitent redonner vie à leur Voix.e et forme à leur corps, dans la joie du je(u) :
Aimer.écrire son coeurps, série de 3 RDV d’écriture pour libérer les mots par le coeurps, et libérer le coeurps par les mots:
9-16-23 février 2025, inscriptions ouvertes
Pour celles & ceux qui souhaitent retrouver le fil de l’amour de soi, 3 rdv en février pour (re)découvrir comment l’écriture somatique se met au service de notre chemin, de notre enfant intérieur, et devient une alliée pour grandir dans notre Vie et notre Art.